Un
Un homme a déjà affirmé que les vacances nuisent au travail et qu’en conséquence, il cesserait de travailler, pour éviter les vacances. C’est peut-être ce que je devrais faire.
Plus tôt dans l’année, à l’été, tout se passait bien. Puis les vacances sont arrivées, cela a tout bouleversé. Je me suis expatrié, pendant quelques semaines. Un beau matin, loin d’ici, mon hôte m’apprend qu’il y a eu élection au Québec et qu’un hurluberlu en pyjama a abattu un technicien. Étrange pays que le Québec. Je n’ai rien compris à cette affaire sinon que Charest ferait ses valises, que Marois retomberait sur Terre, que la CAQ avait fendu l’air et que les Libéraux avaient presque repris le pouvoir! Étrangement, je ne me sentais pas concerné. J’étais ailleurs d’esprit. Physiquement, grâce aux gadgets électroniques, on n’est jamais loin.
On m’apprend ensuite que mon (ma) toubib a rendu l’âme. C’est embêtant, je l’aimais bien. Qui me soignera maintenant? Je l’ignore. Y’a des choses curieuses qui surviennent, des aberrations. Le médecin qui nous soigne n’est pas censé mourir. Il y a contradiction, une erreur naturelle. Il y a quelques années, j’ai voulu jeter ma poubelle aux rebuts. Jeter une poubelle n’est pas simple. L’éboueur ne met pas de poubelles dans sa benne, seulement son contenu. Après quelques vaines tentatives, j’ai adopté un plan par étapes. J’ai jeté le couvercle en plastique de ma poubelle au recyclage. Devinez quoi, le recycleur a pris le contenu du bac de recyclage, mais a laissé le couvercle sur ma pelouse. J’ai finalement découpé le couvercle et la poubelle en petits morceaux et déposé le tout dans le fond de ma nouvelle poubelle! Ce faisant, j’ai déjoué l’ordre normal des choses. Si un éboueur n’accepte pas qu’on jette une poubelle aux rebuts, comment se fait-il que le Maitre du Monde puisse accepter qu’une soignante meure? Sale affaire, le Grand Manitou est un imposteur. Notez bien, je ne compare mon ex-médecin à une poubelle, j’attaque les supposées lois naturelles.
Je saute quelques paragraphes et je reviens à la maison. Il y a eu de forts vents, j’ai des tas de choses à réparer, mais il pleut. Je bosse de nombreuses heures au bureau et quand j’arrive chez moi il pleut et la noirceur prévaut, il pleut aussi les weekends. Toujours est-il que je suis encore en train de tailler ma très longue haie de cèdres et d'effectuer d'autres tâches extérieures. Je n’ai même pas (ou à peu près pas) enfourché ma nouvelle bécane.
Débordé de travail, je suis découragé. Puisque personne ne m’offre d’enveloppes brunes, que j’accepterais, j’ai pensé acheter un billet de loterie. Je n’ai jamais souhaité devenir riche. J’ai entendu au journal télévisé que l’argent facilement obtenu constitue un « cadeau empoisonné ». Je suis d’accord avec ça. J’ai de la difficulté à administrer un simple salaire, que faire d’un gros montant? Conscient des malheurs qu’entraine l’argent, je ne pourrais pas le donner non plus puisque je ne veux pas le malheur des autres. Par contre, sans dépenser et sans donner ce fric, je pourrais rester à la maison et tailler ma haie. Avouez que je ne sombre pas dans la démesure ou la cupidité.
Je vous ferai grâce des inconvénients de ne pas avoir de hockey à la télévision le samedi soir ou de défilés au son des casseroles, de savoir qu’une partie de nos taxes vont à la communauté italienne de Montréal et à de sympathiques fonctionnaires, que le prix des travaux publics sont gonflés, que le Pont-Tunnel est fermé, qu’après mure réflexion, le gouvernement québécois me considère « riche » et que je paierai la fameuse taxe médicale… Ça m’apprendra de m’éloigner trop longtemps!
Finalement, les vacances c’est comme l’argent : faut pas en avoir trop, ça cause des soucis. Tout allait bien cet été!
Grand-Langue